Maladie héréditaire: La malloclusion


La malocclusion dentaire: un fléau


Il est impossible de calculer l’incidence de la malocclusion chez les chinchillas, car plusieurs d’entre nous ignorent tout de cette maladie et ne sauraient pas toujours la reconnaître.  Mais peu importe le nombre de chinchillas affectés, le nombre sera toujours trop grand.

La malocclusion est l’une des plus fréquentes maladies dentaires chez les rongeurs.  Leurs dents poussent constamment, d’où l’origine du problème.  La malocclusion peut être définie par le mauvais enlignement des dents, incisives, molaires ou prémolaires, ce qui empêche l’usure normale de la dentition.  Les dents, et / ou les racines des dents, poussent sans cesse, ce qui amène bien souvent à la mort de l’animal. 

Les causes

Les causes de cette maladie sont nombreuses et parfois, il est impossible d’en déterminer l’origine exacte.  Deux catégories de causes sont par contre visibles: les acquises et héréditaires.

Acquises
Une mauvaise alimentation pourra causer cette maladie.  Un chinchilla qui a comme nourriture un mélange de moulée et gâteries triera sa nourriture pour ne manger que ce dont il a envie.  De plus, ces mélanges de graines sont beaucoup trop riches en amidon et manquent cruellement de vitamines, prtéines et cacium.  Il ingurgitera aussi beaucoup trop de sucre et pas assez des bons éléments nécessaires au bon maintient de sa dentition.
             Le manque de foin est aussi un élément déclencheur.  Les chinchillas en étant de grand consommateur, le foin a comme utilité entre autre d’user ses dents.  Sans ce foin, les dents ne s’usent pas assez, ce qui peut mener à la malocclusion. 

Une carence en calcium mènera aussi à la malocclusion.  Évidente chez les animaux ayant une mauvaise alimentation, ce problème engendrera la décalcification des racines des dents.  Cette cause est fréquente également chez les femelles qui sont reproduites trop souvent et à répétition.  Leur corps prend le calcium pour former les petits, et la mère se retrouve en déficit.  Le calcium étant primordial à la bonne santé des dents, ce déficit engendre la malocclusion.  De plus, ces femelles épuisées transmettront la malocclusion à leur petits, qui la transmettront à d’autres générations, et ainsi de suite. Pour plus de sûreté, les femelles ne devraient être reproduites qu’une fois par an.
      

La nourriture ou autre corps étranger qui se prend entre les dents auront tendance à faire dévier la dent.  N’étant plus alignée avec son homologue, cette dent ne s’usera plus et causera une malocclusion.

Un traumatisme pourrait aussi engendrer une malocclusion.  Si un chinchilla tombe, se cogne la mâchoire, il est possible que le choc fasse dévier une ou des dents.  Par contre,  un choc assez important pourra aussi avoir comme effet de casser la mâchoire, donc le problème devient plus important que la malocclusion elle-même. 

Héréditaires
L’hérédité  est probablement la cause la plus répandue de la malocclusion.  Certains rongeurs naissent avec les dents croches, ce qui présuppose une mauvaise génétique par rapport à cet aspect.

Donc  maladie peut être génétique.  De plus, elle est récessive, ce qui rend possible qu'un animal soit porteur de la malocclusion sans en montrer les signes, tout comme un chinchilla peut être porteur de la mutation Saphir ans qu’on le voit sur son phénotype.  Je discuterai de cette partie en détail plus loin.

Les dents affectées 
La malocclusion peut affecter toutes les dents et de différentes façons.

Lorsque les incisives sont touchées, les dents inférieures poussent vers le haut, peuvent se courber et abîmer le palais.   Les dents du haut pourraient transpercer la lèvre inférieure.  L’animal ne peut ainsi plus prendre la nourriture avec ses dents et cesse de s’alimenter.

Lorsque les molaires et prémolaires sont affectées, celles du haut vont se courber vers les joues et peuvent causer des abcès.  Lorsque celles du bas se courbent, ce sont vers la langue généralement et de par leur arche, coinceront la langue. Les lacérations engendrées par les dents seront très douloureuses en plus d'être très promptes à l'infection.

Il est aussi possible que le problème vienne d’une pousse des racines des dents.  S’il s’agit des racines des dents du maxillaire (mâchoire du haut),  ces racines obstrueront le canal lacrymal par où s’écoulent les larmes.  Il y aura une forte pression d’exercée sur l’œil, ce qui est très douloureux pour l’animal, et causera un œil larmoyant.  Si ce sont les racines des dents de la mandibule qui poussent trop, en plus d’être douloureux, si non traité, les racines pourraient briser l’os inférieur de la mâchoire.

Les symptômes

Il est important de faire de la prévention en ce qui concerne cette maladie.  Les symptômes les plus visibles sont :

  • Une perte de poids
L’animal éprouve de la douleur lorsqu’il mange, il mange donc moins et beaucoup plus lentement.  Il réduit ses granules en poudre.  S’en suit bien sûr une perte de poids.  L’animal mange la tête inclinée et porte souvent ses pattes à sa bouche.

  • Une moins grande consommation de foin
Manger du foin est l’activité qui suscite le plus le travail des molaires.  Si ces dents sont affectées, c’est la première chose que le chinchilla cessera de manger.  

  • Il bave
Lorsque qu'il y a des plaies dans la bouche, le mouvement de déglutition devient plus douloureux.  Plutôt que d'avaler sa salive, un animal atteint restera immobile et la bave s'écoulera tout simplement par la bouche.  Ses pattes avant, son menton et son torse seront humides et le poil sera en mauvais état.  Si votre chinchilla est rendu à cette étape, c’est que la maladie a déjà beaucoup progressé.

  • Les yeux sont larmoyants
Lorsque le problème vient de la racine des dents du maxillaire, l’œil est souvent humide, larmoyant.  Le chinchilla aura le poil autour de l’œil mouillé et humide.

  • Une bosse sur la mâchoire inférieure
Les racines des dents de la mandibule créeront des bosses qui seront palpables au toucher.  Il s’agit de tâter le dessous de la mâchoire inférieur pour les sentir.

La moyenne d’âge auquel les chinchillas développent cette maladie est de 16 mois (James Lauridsen, The Genetics of Malocclusion) mais nous pouvons fréquemment voir de très jeunes chinchillas développer la maladie.

Quoi faire?

La première chose à faire est de prendre contact avec votre éleveur et lui faire part de la situation.  Un bon éleveur retirera de sa production la lignée/chinchillas atteint s’il y a un doute que la maladie puisse être génétique ou fera une bonne investigation afin de trouver la source du problème.

Pour les incisives, il est facile de déceler le problème.  Pour les molaires et prémolaires, souvent un bon  examen de la bouche permettra le diagnostique.  Si le problème vient des racines, il faudra une radiographie du crâne pour voir la pousse anormale. 

Quoi qu’il en soit, si vous avec un doute, rendez-vous le plus rapidement possible chez un vétérinaire qui traite les animaux exotiques  pour qu’il investigue la source du problème.  Car comme le dit le dicton, mieux vaut prévenir que guérir !

Le traitement

Il est relativement facile pour le vétérinaire  de tailler ou limer les incisives du chinchilla.  Toutefois, il faut tenir compte que ce traitement n’est que temporaire si la cause est génétique et qu’il devra se répéter à environ tous les 2 mois.  La fréquence de taille varie d'un animal à l'autre.   Lorsqu'un animal change son alimentation pour le mieux, il arrive fréquemment que les tailles s'espacent avec le temps.  Il est aussi probable que le chinchilla développe une malocclusion des molaires ou prémolaires, ce qui rendra la taille inutile.

Quand il est question de tailler les molaires et prémolaires, ce traitement se fait généralement sous anesthésie gazeuse.  Encore là, il faut voir que ce traitement se répétera plusieurs fois.

Certains pourront extraire les dents affectées mais cela reste une pratique très risquée, peu recommandée, et peu utilisée car il est possible, en extrayant la dent, de casse l’une ou l’autre des parties de la mâchoire.  Mais si une autre dent développe le problème, ce traitement aussi aura été inutile.

*Prenez note que la taille des dents doit absolument se faire chez un vétérinaire.  Les dents ont des nerfs et en aucun temps une animalerie n'est qualifiée pour bien faire cette taille.

Durant le traitement, le chinchilla a besoin d’être nourris à la main régulièrement pour reprendre le poids qu’il aura perdu.  Il aura aussi dans certains cas besoin d’antibiotiques si des abcès se sont formés ou s’il a subit de blessures à la joue, au palais ou aux lèvres.

Bien souvent, les propriétaires de chinchillas qui souffrent de malocclusion choisiront l’euthanasie.  Il est très difficile de prendre cette décision, mais les douleurs engendrées par cette maladie peuvent être difficile à supporter pour l’animal et son propriétaire, et comme le dénouement des traitements est incertain, mettre fin aux souffrances de votre animal peut être envisagé.



Est-ce que mon chinchilla peut guérir?

Rien n’est moins certain.  Par contre, durant les dernières années, il y a eu énormément d’avancées dans ce domaine.  Les techniques que les vétérinaires ont développées sont plus adaptées.  Il se fait même, dans certaines cliniques, une taille des molaires sans anesthésie gazeuse.  Avec tout ce progrès, il nous est permis d’espérer devant un animal atteint de malocclusion si son cas est diagnostiqué assez tôt.  Ce qui est certain, c’est que le traitement est coûteux en temps et en argent, d’où la décision d’euthanasier l’animal dans bien des cas. 

Alors que certains vétérinaires disent avoir vu des rétablissements complets, d’autres experts  avancent que c’est une maladie 100% létale (James Lauridsen, Memory Lane – Lest we Forget our Lessons of the Past).  Il y a donc beaucoup de controverse à ce sujet et il est très difficile de répondre d’une  manière certaine à cette question.  

Chose certaine, on m'a confirmé qu'il semble qu'une bonne alimentation améliore de beaucoup les chances de guérison ou d'amélioration.
La malocclusion génétique

Comme mentionné dans les causes, la malocclusion peut être héréditaire.  Si tel est le cas, le chinchilla développera la maladie avant 2 ans, quoiqu’on ait vu des cas à presque 5 ans.  Le principe est le même que pour la transmission des mutations.  La malocclusion doit être sous forme homozygote (2 allèles atteints, donc un gène) pour avoir une incidence sur le chinchilla.  À l’état hétérozygote (un seul allèle) , le chinchilla ne donne aucun signe de la maladie MAIS SERA EN MESURE DE LA PASSER TOUT DE MÊME À SA PROGÉNITURE, d’où la propagation rapide et indétectable qui peut aller jusqu’à 7 générations.

Voici donc, génétiquement, la transmission de cette maladie :

S = animal sain

STM = animal porteur uniquement (hétérozygote)

SA = animal atteint qui développe la maladie (homozygote)



SA + S = 100% STM
            Un parent présentant la maladie et un parent sain produiront des bébés qui seront tous porteurs de malocclusion, mais qui ne la développeront pas.


SA + SA = 100% SA
            Deux parents atteint produiront des bébés qui seront tous atteint et développeront la maladie.


SA + STM = 50% SA et 50% STM
            Un parent atteint et un parent porteur produiront à 50% des bébés qui développeront la maladie et à 50% des bébés qui en seront porteurs sans la développer.


STM + S = 50% STM et 50% S
            Un parent porteur et un parent sain produiront à 50% des bébés porteurs et à 50% des bébés sains qui n’auront pas hérité du gène malade.


STM + STM = 50% STM, 25% SA et 25% S
            Deux parents porteurs produiront à 50% des bébés qui seront porteur seulement, à 25% des bébés qui seront atteint et développeront la maladie, et à 25% des bébés sains qui ne garderont aucune trace de la maladie.


Il est facile de voir que cette maladie peut faire des ravages et se propager rapidement sous le nez de tous.  C’est pour cette raison qu’avant de reproduire un animal, il est extrêmement important de s’assurer qu’aucun parent dans sa lignée n’a démontré des signes de malocclusion.  Cette maladie peut survenir chez tous les bons éleveurs malgré les précautions prises pour des raisons qui sont encore inconnues, mais les risques sont beaucoup moins grands lorsqu’on connaît l’origine de nos chinchillas.



Il est d'autant plus important d'opter pour un éleveur qui connait ses lignées et suit ses bébés dans leurs nouvelles familles.  Cela permet à l'éleveur de rectifier tout problèmes dans ses lignées et de garder une trace du développement de ses bébés.
  

Bibliographie

Lauridsen, James.  The Genetics of Malocclusion, Basic Genetics for the Chinchilla Breeder, In Basic Genetics and History of Mutation Chinchilla. Alice Kline, Ed.
  
Lauridsen, James.  Memory Lane – Lest we Forget our Lessons of the Past.  In Basic Genetics and History of Mutation Chinchilla, Alice Kline, Ed.

*Révisé par Dr. Marie-Pierre Rainville, Hôpital vétérinaire L'Ormière, Québec

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source: Mocca Chinchillas

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